Inaugurée le samedi 7 août 2021
Discours inaugural la sculpture « L’ESPACE »

Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs les élus, mesdames Messieurs des corps constitués, Très chers Biquins, chers amis, Pour les personnes de ma génération, Hervé Mhun a d’abord été une adresse, un lieu géographique ; le quai de Loire Hervé Mhun où l’on se gare lorsqu’on vient à Saint Thibault. Puis en grandissant, Hervé Mhun c’est devenu un buste sculpté sur le buffet du séjours, une sculpture, une gravure, un sujet de conversation dans la voix des parents. En murissant enfin, nous comprendrons qu’Hervé Mhun, au-delà des rétrospectives auxquelles on a pu assister ici ou là, c’est cet homme prématurément disparu en 1968, avant que sa renommée n’atteigne la hauteur de son talent. Un talent qu’il promènera sur toutes les routes de France, et qui prendra attache sur sa péniche « Hamsa », probablement en référence aux nombreuses années qu’il passa au Maroc où il alla à l’occasion de son service militaire. Un talent qui se nourrit d’influences Ligériennes de son enfance, bretonnes de l’exil familial pendant la 1ère guerre Mondiale, et parisiennes où il s’installa à 18 ans sous l’égide du peintre Claude Rameau qui l’avait repéré pour ses travaux de sculpture. Hervé Mhun c’est surtout une œuvre jalonnée de travaux exprimant de façon extraordinaire, la souffrance des hommes, leur réconciliation, entre eux et chacun avec soi-même, et enfin une ouverture plus spirituelle, ésotérique et initiatique vers un au-delà que chacun peut interpréter à sa façon. Cet « au-delà » exprimé de manière monumentale, nous en inaugurons aujourd’hui une épreuve avec cette formidable sculpture qu’est L’Espace. Un cercle sans centre est surplombé par une forme humanoïde qui semble danser ou méditer. Je vous laisserai méditer a votre tour sur cette œuvre qui n’a pas fini de nous intriguer et de nous interroger. En attendant quand on pense Espace, on se figure bien souvent l’univers dans lequel notre petite planète, minuscule boule de feux éteinte de plus de 4,5 milliards d’années, côtoie les mille milliards de planètes que contient chacune des mille milliards de galaxie de l’univers. Ces chiffres pourraient rendre dérisoires cette énergie formidable que nous avons engagée pour pouvoir nous retrouver aujourd’hui autour de cette sculpture, « L’ESPACE », que nous inaugurons aujourd’hui sauf que nous savons bien qu’un jour, dans l’espace, à un instant originel, une étincelle a déclenché ce grand chambardement de la vie à travers un Big Bang dont finalement nous ne savons rien, si ce n’est que tout s’est soudain animé autour de ce point central dans l’Espace. Alors, comme nous regardons l’Espace immense de l’Univers sans y comprendre grand chose, nous regardons cette sculpture, l’ESPACE, sans trop comprendre ce qu’elle veut nous dire sauf qu’elle nous inspire ! elle nous inspire et nous rappelle que pour que quelque chose existe, il faut un déclencheur…. la fameuse étincelle. C’est de cette étincelle que je voudrais vous parler un instant avant de remercier tous ceux qui ont contribué à l’édification de cette œuvre. Cette étincelle, nous l’avons tous en nous et nous décidons ce que nous en faisons. Il y a un homme à qui je voudrai rendre hommage qui fit de cette étincelle un merveilleux usage. Cet homme c’est Bernard Bailly qui, par un beau matin ensoleillé comme on les aime à Saint Thibault, a produit l’étincelle ; chapeau Panama impeccablement fixé sur la tête, moustache impeccablement ciré, l’air espiègle derrière ses lunettes, il nous annonçait que nous allions ériger une sculpture monumentale d’Hervé Mhun dans le jardin de la chapelle des Mariniers de Saint Thibault. Beaucoup n’y ont pas cru, reléguant cette idée sur l’étagère des projets fous qu’il avait déjà eu comme cette exposition des portraits des habitants de Saint Thibault qui se répète pourtant tous les dix ans depuis quarante ans ; comme ce diner de quai qui, d’épiphénomène, s’est transformé en tradition villageoise depuis vingt ans. Beaucoup n’y ont pas cru et pourtant, nous nous sommes mis au travail derrière lui. Car ce qui est formidable dans l’espace, c’est l’énergie qui se dégage d’une étincelle, qui ne se voit pas, mais qui entraine tout autour d’elle, dans un mouvement organisé et productif. C’est ainsi que chacun a pu donner un peu, à hauteur de ce qu’il pouvait fournir. Nous nous sommes donc mis au travail et pendant plus de trois ans nous avons œuvré pour aboutir à ce moment formidable qui nous rassemble. Et c’est bien là le but ultime de toute la comédie humaine : nous rassembler ! pas forcément sur un accord parfait ; parfois on se rassemble sur un accord et on le célèbre ; parfois c’est sur un désaccord et on s’affronte. Mais le plus important c’est qu’on se rassemble ! Bernard faisait tout pour que les événements qu’il contribuait à organiser nous rassemblent. Alors, il y a quelques heures, alors que nous discutions avec une voisine, habitante de Saint Thibault, devant la sculpture, j’ai soudain compris le lien entre Hervé Mhun et Bernard Bailly. Cette Théobaldienne (c’est comme ça qu’on appelle les habitant de Saint Thibault paraît-il) nous expliquait qu’Hervé Mhun avait la particularité de rassembler autour de lui…comme Bernard… Ils doivent bien se marrer, là où ils sont en ce moment, à nous voir tous rassemblés autour de cette œuvre : Ceux qui aiment… ceux qui n’aiment pas… ceux qui ne sont pas là mais qui en parlent… ceux qui sont là, mais forcé, parce qu’il faut y être… ceux qui sont là, mais qui ne disent rien, plein d’émotion et de joie… Bref ! nous tous quoi ! Quand je verrai cette sculpture désormais, je penserai à ces hommes d’exception qui nous ont précédé et qui sont, bien qu’invisible, au centre du cercle qui nous rassemble. Je voudrai les remercier de l’énergie « BigBanguesque » qu’il nous ont laissée à travers leurs œuvres. Puisque l’heure est aux remerciements, je voudrais remercier tous ceux qui ont permis la réalisation de cette œuvre en commençant bien sur par Hervé Mhun pour sa création et Bernard Bailly pour avoir lancé le projet. Je voudrai remercier les membres de l’association Les Biquins qui ont œuvré, dès le premier jour, et après la disparition de notre cher Bernard, à la complétude de la recherche de financement. Remercier les près de 200 donateurs qui, pendant plus de 3 ans, ont alimenté la cagnotte permettant la réalisation du projet. Que ce soit un don d’un euro ou de plusieurs milliers d’euros (et il y en a eu de chaque), chaque don était important pour réussir. Remercier ceux des Biquins et des sympathisants, qui ont travaillé à la réalisation technique de l’œuvre, communiquant avec la Fonderie d’art et faisant le déplacement jusqu’à Dourdan pour suivre les différentes étapes de mise en œuvre. Remercier les hommes de l’ombre qui, au beau milieu de la nuit, ou au petit matin, se sont mobilisés pour transporter l’Espace dans une camionnette… et il faut le faire ! (C’est pas faux) Remercier la municipalité de Saint Satur qui a permis une telle érection dans le domaine public, tant pour la mise à disposition de l’espace que pour la mise en œuvre et la réalisation du socle et de la fixation de la sculpture. Enfin je voudrai remercier tous les habitants de Saint Thibault, de Saint Satur, et d’un peu plus loin, car il y en a ; remercier tous les amis qui viennent de carrément plus loin pour leur contribution et leur présence, remercier les acteurs économiques de la région au premier rang desquels les vignerons de Saint Satur, ou d’ailleurs, pour leur généreuse participation. Remercier les amis la famille sans qui rien de cela n’aurait été possible. Vous remercier tous d’être rassemblés autour de ce centre invisible, d’accord / pas d’accord, à l’échelle d’une petite boule de feu refroidie de 4,5 milliards d’année au beau milieu de l’espace de l’univers, ça importe peu ! du moment qu’on soit là et que l’on fasse vivre quelque chose dans notre village. Notre village de Saint Thibault, voisin de Sancerre et qui contribue à faire rayonner le plus beau village de France. Vous remercier enfinpour une chose que nous échangeons continuellement entre nous, qui nous permet de réussir dans nos projet, et grâce à quoi nous revenons inlassablement ici même quand on s’en éloigne momentanément : l’Amour … c’est aussi ce que nous dit cette œuvre : Saint Thibault Je vous aime.